Comment l’Afrique doit-elle révolutionner sa logistique ?

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Malgré la modernisation en cours, la logistique africaine demeure insuffisamment compétitive pour soutenir la croissance continentale. Dans un rapport dédié à la logistique en Afrique, l’Africa CEO Forum et le cabinet Okan recommandent l’installation d’un réseau logistique finement maillé, multimodal et transfrontalier afin d’«innerver» l’Afrique et de porter les échanges et les investissements indispensables à son émergence.
La logistique africaine a encore du pain sur la planche.
En dépit de la modernisation en cours, le secteur reste insuffisamment compétitif et sophistiqué pour soutenir la croissance du continent et accompagner le développement de la zone de libre-échange continentale. Le constat ressort d’un rapport réalisé par l’Africa CEO Forum en partenariat Okan, un cabinet de conseil en stratégie et en finance dédié à l’Afrique.
En dépit de la modernisation en cours, le secteur reste insuffisamment compétitif et sophistiqué pour soutenir la croissance du continent et accompagner le développement de la zone de libre-échange continentale. Le constat ressort d’un rapport réalisé par l’Africa CEO Forum en partenariat Okan, un cabinet de conseil en stratégie et en finance dédié à l’Afrique.
Le document, d’une quarantaine de pages, indique que la logistique est l’un des chantiers les plus importants auxquels fait face le continent aujourd’hui. Sa modernisation reste un élément fondamental pour la transformation économique de l’Afrique, sa compétitivité, son industrialisation et son intégration économique. La région représente toujours une part marginale des échanges internationaux (2% des exportations mondiales, contre 13% pour la Chine par exemple) et ses marchés restent fragmentés (échanges inter-africains ne représentant que 18% des exportations totales, contre 55% en Amérique et 69% en Europe). Le rapport indique que seul un réseau logistique finement maillé, multimodal et transfrontalier sera en mesure d’«innerver» l’Afrique et de porter les échanges et les investissements indispensables à son émergence. «Malgré de vastes progrès, notamment dans le domaine portuaire, un douloureux constat doit être fait : la logistique africaine, moins moderne et plus coûteuse qu’ailleurs dans le monde, n’est pas encore au niveau des ambitions du continent», regrettent les auteurs du rapport. Ceci dit, l’Afrique ne manque pas de success-stories, qui sont autant de cas d’école. Le rapport cite ainsi le cas du port Tanger Med. «Cette plateforme s’est hissée en une décennie au rang de hub logistique de classe mondiale et de pôle industriel puissant», soulignent les experts d’Okan. Autre cas d’école : Lomé qui est devenu «la plateforme de transbordement d’un des géants mondiaux du transport maritime grâce à sa capacité d’accueil de navires de 15.000 EVP (équivalant vingt pieds)». Selon les données fournies dans le rapport, l’équivalent de 1 à 2% du PIB continental est désormais consacré à la logistique. Bien que marginale, la contribution du secteur privé est en hausse via les partenariats public-privé. Elle a été multipliée par 2,6 entre 2001 et 2017. Le document indique en outre que la logistique dans le continent converge lentement vers les standards internationaux en matière de coûts et de délais. Les pays enclavés pâtissent toujours d’une logistique déficiente : il reste 2 fois plus coûteux d’acheminer un conteneur d’Abidjan à Ouagadougou que de Shanghai jusqu’au port ivoirien, sur un parcours 16 fois plus court. Autre constat : un poids lourd met encore 11 heures pour aller de Lomé à Cotonou, pourtant distants de seulement 150 kilomètres.

Structurer les hinterlands autour de corridors continentaux

Les auteurs du rapport ont formulé toute une série de recommandations pour moderniser la logistique dans le continent. Concrètement, les États doivent mieux coopérer pour structurer des dorsales continentales, à l’image du corridor Djibouti-Éthiopie. Un effort particulier doit ainsi être fourni pour désenclaver les pays riches en matières premières et agricoles, dont l’immense potentiel à l’export est encore trop peu exploité (Niger, à travers la boucle du Sahel et l’oléoduc, Copperbelt de la région Zambie-Katanga). À l’image du pont qui relie désormais la Chine et Hong Kong, l’accélération des rocades routières (Abidjan-Lagos, Brazzaville- Kinshasa) est également un enjeu pour les États, et pour les investisseurs et les promoteurs privés.

Accélérer la modernisation des ports

Pour consolider la position du continent dans le commerce mondial, le rapport recommande aux pays du continent d’accélérer le déploiement des infrastructures portuaires. Ils doivent également se coordonner pour doter le continent des hubs de classe mondiale qui lui manquent encore. «L’ambition de Lee Kwan Yew à Singapour dans les années 1950 a trouvé un écho au Maroc : le port de Tanger-Med rivalise désormais pour le titre de hub continental avec Durban et Port- Saïd. Ces développements doivent s’accompagner d’une intégration des ports à leurs hinterlands, en les reliant à des zones logistiques et à des ports secs, en développent des zones industrialo-portuaires, en améliorant les processus réglementaires et douaniers pour faciliter les flux de marchandises», argumentent les experts.

Renforcer les capacités des États

Les États africains doivent jouer pleinement leur rôle dans le développement des infrastructures logistiques. Comment? Les auteurs du rapport estiment que les pays doivent avoir une vision claire pour planifier à très long terme. «Le rôle régalien de gendarme des mers et des terres doit également être renforcé, dans un contexte de piraterie (golfe de Guinée, Corne de l’Afrique) et de coupeurs de route (Sahel)», signale le rapport. Les gouvernants doivent également contribuer au financement des infrastructures, en mobilisant leurs ressources fiscales, les bailleurs de fonds internationaux (asiatiques et occidentaux) et des partenariats public-privé. Le rapport estime que le mode PPP est idéal pour stimuler l’investissement local (marchés financiers, caisses de retraite, fonds de pension, etc.).

Mieux structurer les projets

Les projets d’infrastructures logistiques doivent faire l’objet d’études de faisabilité «solides» et être correctement calibrés. Ce qui aura la vertu de rassurer les bailleurs de fonds et les investisseurs. «À travers la mise en œuvre de solutions de financement innovantes (annuités, obligations, PPP), un juste équilibre entre utilisation des ressources budgétaires et investissement privé doit être trouvé, comme pour le 3e pont d’Abidjan», note le rapport. Les capitaux sont désormais relativement abondants en Afrique, et les fonds d’investissement en infrastructures (Meridiam, A.P. Moller Capital, AIIM) offrent un accès privilégié à des ressources longues et «intelligentes». Les secteurs portuaires, des transports urbains et de l’aérien sont particulièrement adaptés au développement de projets en PPP.

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